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lundi 17 octobre 2011

Mourir à deux reprises...

J’ai eu l’occasion de visiter un proche dans un foyer pour personnes âgées. Nous sommes arrivés vers l’heure du souper. Ils étaient une dizaine d’ainés à attendre, assis les uns à côté des autres. Deux infirmières étaient présentent pour nourrir ceux qui sont non autonomes. Et moi, d’un œil curieux, je regardais attentivement. Mon attention s’est principalement dirigée vers trois de ces résidants. Puis je me suis mis réfléchir sur la vie, et sur la mienne. Ces trois résidants sont morts. Ils ont été tués par la maladie. Sans aucun doute, le corps continue de répondre. Mais consciemment, ils ne sont plus là. Derrière leurs yeux vitreux, on peut déceler le vide et l’interrogation. Ils semblent chercher à comprendre leur vie et attendre des réponses qui ne viendront jamais. Ils ont le même regard que ces jeunes enfants qui se lancent à  la découverte du monde. La différence majeure, c’est que le leur attend de se fermer à jamais. Puis m’est revenue en tête cette idée de légaliser l’euthanasie. Je me suis dit que j’aimerais mieux choisir une mort subite que d’en arriver là, à survivre en dépendant d’autrui et à recevoir la visite de mes proches qui jadis, m’ont vu explosif, vivant, souriant, voir même hyperactif. Je ne veux pas terminer mes vieux jours avec un regard sans réponse, sans réflexion alors que j’ai passé ma vie entière à tout analyser dans les moindres détails. J'analyse tout ce qui me tombent sous les yeux. Je ne veux pas terminer mon parcours à manger du pudding, inconscient de ce plaisir chocolaté, sans gouter l’excès de sucre alors que durant toute ma vie, mes proches m’ont baptisé la « bibite à sucre ». Ces trois résidants ne sont que trois exemples parmi des milliers. Je crois sincèrement que personne ne veut en arriver là. Est-ce vraiment humain d’étirer une vie qui n’est plus, malheureusement. Une vie réduite à un corps sans esprit, à un regard incompris, à une parole égarée, à une réflexion rendue impossible, à un cerveau réduit à néant. Dans mon cas, j’aimerais mieux laisser aux miens un souvenir du bon vivant que j’étais.