Paul Vallières nous manque. Peu
importe le commis d’épicerie qui a côtoyé cette icône, ce personnage, il s’ennuie
de lui. Du moins, il se souvient de lui ou d’une situation qui s’est produite
en sa présence. Aujourd’hui, je suis toujours aux études. Mais j’ai aussi
obtenu le poste de Paul, soit celui d’assistant-gérant dans une épicerie de la
Vieille-Capitale. Puis Paul, c’est mon modèle. Un jeune hockeyeur se trouve une
idole à imiter. Sidney Crosby ou même Brian Gionta. Le jeune chanteur fait
pareil. Moi, dans mon emploi, c’est lui que j’essaye d’imiter, jour après jour,
quart de travail après quart de travail. Non, je ne mâche pas ma gomme à la
vitesse de Paul. Je ne mâche pas de gomme. D’ailleurs, cessez ces concours de
mangeurs de hot dog ou de record « d’engouffreur » de sushi. Lancez plutôt
le concours de mâcheur de gomme. Vous allez voir que « PoPaul »
vaincra tout le monde, même sur la scène internationale. Bref, quand je me
présente au travail le matin, j’essaie d’avoir sa bonne humeur. Il chialait
parfois sauf qu’il souriait. Toujours. Puis il s’occupait du remplacement d’étiquettes
et de commander la bière, comme moi. Nous avons des différences : lui
c’est le Pepsi, moi le café. Il faut quand même avoir sa propre authenticité.
Mais mon travail, je l’exécute comme lui! Comme lui me l’a montré…
Si je gagnais 50 millions, je
m’achèterais un commerce. Peut-être bien une épicerie. Lui, il deviendrait
gérant d'épicerie et sa femme gérante de boulangerie. Ah Manon! Puis dans la salle de
pause, nous aurions la chaîne du Réseau Info Sport (RIS) pour regarder Sport 30,
peu importe l’heure. Puis on installerait une table de billard et un jeu de
dard. Je vous jure qu’on dinerait au magasin! Mais ça n’arrivera pas puisque je
n’achète pas de billet de loterie. Bref, ne change pas Paul. Même à des
centaines de kilomètres, on ne t’oublie pas. Et sache que tu nous manques…