Je me suis levé, j’ai fermé le cadran… dans ma routine habituelle, je suis monté; les yeux à moitié fermés, contournant les serviettes sur la corde à linge et les bas et les chandails qui reposaient sur le sol. Une fois mon café en marche, je passe à la salle de bain, train-train quotidien. Pour ensuite revenir verser mon café, tartiner ma rôtie (les Québécois aiment bien dire « beurrer ») et ouvrir mon journal. Le matin, j’ai moins d’une heure alors on lit les sports.
Puis avant de partir, manteau sur le dos, je me suis agenouillé. J’ai pris deux ou trois petites minutes pour regarder mon aquarium, sachant depuis déjà deux jours, qu’allait se terminer le parcours de l’un des miens. Il était là, devant moi, dans le coin inférieur gauche, sur le devant de la vitre. Et puis j’ai cogné et il s’est débattu, mais très faiblement, pendant moins d’une seconde, dans ces derniers soubresauts. Soudain, un 2e poisson de même grosseur gisait aussi au ras des roches, multicolores, et dans la même position, à bout de souffle. Au bruit, lui aussi surpris, s’est débattu pour une de ses dernières fois. Tout un hasard, deux de mes poissons, les deux plus petits. Croyez-le ou non, il a rejoint l’autre… et ils étaient côtes à côtes… agonisants...
Comme je suis un être imaginatif, j’ai fait comme il m’arrive souvent de faire, et je me plongé à l’intérieur des poissons, de l’autre côté de la vitrine. Un peu pour m’imaginer ce qu’est leur vie sous-marine… mais cette fois-ci, je voyais une belle histoire.
Je voyais le petit rouge qui rejoignait le petit blanc, dans un élan qui lui demanda probablement le restant de ses forces… en guise de solidarité et d’amour sûrement… Du coup, cette mort devenait si belle…
Le message était clair « Je t’ai finalement rejoint pour maintenant pouvoir m’éteindre à tes côtés »
Je me suis relevé, je suis sorti, fermé à clefs… dans l’auto j’ai pris deux minutes pour replonger dans mon histoire. Nous devons mourir qu’une seule fois, et trop de morts sont injustes ou parfois trop subites. N’est-ce pas la mort tant souhaitée que de mourir à côté de ceux qu’on aime, de vivre nos derniers moments ensembles… mais encore mieux, comme ce matin avec mes deux poissons, de mourir avec l’amour de notre vie pour que ni elle ni moi n’ayons le mal de vivre… celui de devoir continuer sans l’autre…
Longue vie à tous!
Jonathan Cossette